lundi 6 avril 2015

TEXTO DU JOUR : Qu’est-ce qu’un budget par objectif de programme (BOP)?

                                                                                   

 
Texto du samedi 4 avril 2015
Nous l’avons vu dans notre texto du vendredi 3 avril 2015 la BOP est une recommandation de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), la BOP est axée non plus sur le montant des crédits accordés aux différentes administrations et institutions, mais sur les objectifs à atteindre. Elle conditionne les gestionnaires et autres administrateurs de crédits et des fonds publics à rendre compte de leur travail et des investissements réalisés.
Au départ, c’est une Loi organique (n° 31/2010) qui détermine les nouvelles règles relatives à la nature, au contenu, à la procédure d’élaboration, de présentation et d’adoption des Lois de finances ainsi qu’à l’exécution et au contrôle du budget de l’Etat. La BOP établit une nouvelle nomenclature budgétaire qui classe les dépenses suivant les grands domaines d’action, les grandes politiques de l’Etat avec une arborescence distinguant trois niveaux : la Mission, le Programme et les Actions : la « Mission » constitue l’unité de vote des crédits au Parlement. Elle regroupe un ensemble de programmes concourant à une politique publique définie ; le « Programme » regroupe tous les crédits destinés à mettre en œuvre un ensemble cohérent d’«Actions » dans le cadre de cette politique publique et d’un même Ministère : crédits d’investissement, crédits d’intervention, crédits de fonctionnement mais aussi tous les crédits de personnel.
La BOP, c’est un budget orienté vers les résultats, la performance dans la mise en œuvre des politiques publiques. A chaque programme, sont associés des objectifs, des engagements de résultats. Des indicateurs de suivi et d’évaluation permettent de piloter leur mise en œuvre et d’évaluer le niveau de performance atteint. La BOP, c’est aussi une démarche de responsabilisation accrue des managers de l’administration. Chaque programme est placé sous la gouvernance d’un responsable de programme (RPROG) qui s’appuie sur des responsables de budget opérationnel (RBOP) et sur des responsables d’unité opérationnel (RUO). Ces différents managers - RBOP et RUO - sont désignés ordonnateurs délégués par les Ministres sur proposition des RPROG, ces derniers étant eux-mêmes investis de cette même qualité. Ils doivent être force de proposition dans la détermination des objectifs sur programme. Ils doivent argumenter leurs demandes de crédits « au premier franc CFA », c’est-à-dire en ne se contentant pas de justifier les seules évolutions de ces demandes par rapport à la Loi de finances précédente. Il leur appartient ensuite de conduire l’action, de gérer de façon optimale et transparente les moyens alloués aux programmes. Ils bénéficient pour cela de nouvelles marges de gestion : des possibilités de redéployer des crédits en cours d’exercice budgétaire en respectant toutefois les différentes règles relatives à la fongibilité des crédits. Pour tout cela, ces responsables doivent renforcer leurs modes de management des contributeurs à l’atteinte des objectifs fixés et développer le système d’information de gestion de manière à mettre sous contrôle les indicateurs sélectionnés et à pouvoir rendre compte. Au Projet Annuel de Performance (PAP) qui présente les objectifs fixés et les moyens alloués correspond en effet en fin d’exercice un Rapport Annuel de Performance (RAP) qui rend compte des performances réalisées et des décisions de gestion prises dans l’année pour les réaliser. La BOP, c’est aussi une exigence pour l’administration de renforcer son exercice de la tutelle sur les opérateurs (établissements publics, agences) qui concourent à la réalisation des objectifs des programmes. La démarche BOP doit conduire les RPROG à animer un processus qui débouche sur des « contrats Moyens - Objectifs – Performances » liant les opérateurs au(x) programme(s) au(x)quel(s) ils contribuent. La BOP, c’est un renforcement du pouvoir de contrôle du Parlement auquel est soumise une Loi de finances plus lisible et plus étayée grâce aux PAP. Les Ministres présentent au Parlement les PAP puis les RAP. Les RPROG peuvent être appelés par les commissions Parlementaires à expliquer les propositions d’objectifs et de crédits relatives à leurs programmes. Ils pourront également être invités à s’expliquer sur le niveau d’atteinte des résultats figurant dans le RAP et sur leurs décisions de gestion. Enfin, la BOP, c’est l’introduction d’une comptabilité plus complète de l’Etat. Celle-ci ne fera pas que retracer les recettes et les dépenses. Elle établira aussi une situation du patrimoine de l’Etat (ses « actifs ») et de ses dettes (son « passif »). L’Etat publiera chaque année un bilan et un compte de résultats certifiés par la Cour des Comptes. La nouvelle comptabilité publique devra également à terme permettre d’analyser le coût complet des actions de l’administration réalisées dans le cadre des différentes politiques.
En introduisant la BOP au Gabon, les pouvoirs publics s’engagent dans une réforme dont l’impact ne tardera pas à se faire ressentir auprès des populations.
Le premier élément de cette réforme est d’ordre démocratique.
En effet, les responsables des programmes devraient, pour la conception des politiques, des programmes et des projets, associer les principaux bénéficiaires que sont les populations. Leur participation devrait alors faire l’objet d’une évaluation ex ante au niveau parlementaire, les élus du peuple dont le rôle consiste à voter la BOP, et à contrôler l’action du gouvernement, ont à cet effet grand besoin de mettre en place sinon un service d’évaluation, mais une commission ad hoc d’évaluation des politiques publiques en faisant appel, vous l’avez compris, aux spécialistes de SOGEVAL.
Ce n’est pas à une simple réforme dont nous avons affaire, mais à une vraie révolution pour notre pays. Que ceux de nos compatriotes qui ne l’ont pas encore compris s’approprient au plus vite cet outil.

La Rédaction
 




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