mercredi 29 mars 2017

TEXTO DU JOUR : ALERTE : Faustin Boukoubi veut-il un dialogue sans tabou ?


Le dialogue politique en cours au Gabon est la réponse d’Ali Bongo aux besoins exprimés par les forces Vives de la Nation. Il est la matérialisation de la décision prise devant les Parlementaires réunis en congrès le 28 Juin 2016 et confirmée le 27 Septembre 2016 lors de sa cérémonie d’investiture. 
Antérieure à l’élection présidentielle du 27 août 2016,  ni le rapport de l’Union Européenne, ni les revendications du camp de Jean Ping, ni les événements post électoraux, ni les crises sociales en cours, ne sont à l’origine de la mise en œuvre de cette décision. Tout au moins, on peut évoquer une réponse à titre posthume à André Mba Obame qui avait demandé la tenue d’une conférence nationale souveraine en 2012. Cette demande d’AMO elle-même révélatrice du climat qui régnait au Gabon depuis l’élection présidentielle anticipée d’août  2009, et dont il contestait la victoire à Ali Bongo.
La formule suggérée par le leader de l’Union Nationale était celle de la remise à plat des institutions comme le souhaitait la majorité des gabonais,  sans nécessairement écourtée le mandat en cours de son rival.
Ne voulant pas céder à la demande de l’opposition de l’époque, et espérant que les résultats de sa politique allait apporter des changements dans la vie des gabonais ainsi que la paix, Ali Bongo va constater à deux mois de l’élection présidentielle de 2016 que ses chances de se faire élire étaient très minces. Il va donc tenter de répondre à la demande de la majorité des gabonais en promettant un dialogue inclusif et sans tabou après l’élection présidentielle de 2016; nous assistons donc à la mise en œuvre d’une promesse politique électorale.
Pour être au même niveau de compréhension, rappelons-nous que l’inscription d’un problème ou d’un besoin dans l’agenda gouvernemental exige au préalable un bon diagnostic des besoins des populations, une définition claire des objectifs, une bonne stratégie permettant d’aboutir à des résultats et d’obtenir des changements escomptés. C'est pourquoi, croit-on savoir que le communiqué final du dernier conseil des ministres pointe comme seul objectif de cette grande rencontre « La construction du Gabon ». Faut-il entendre par cette formule la construction politique ? Autrement dit : ce dialogue aboutirait-il aux changements politiques espérés par les gabonais ?
Comme  d’autres l’ont dit par ailleurs, le processus en cours exige l’implication de toutes les parties prenantes, la mise sur la table de tous les sujets, le suivi et l’évaluation de toutes les activités. 
Parmi les acteurs qui prennent part, et les sujets déjà posés sur la table, il y a celui des acteurs indirects qui ne prennent pas part, il y a celui de la transhumance des anciens hiérarques du PDG, mais aussi celui de la contestation de l’élection d’Ali Bongo dont Boukoubi ne veut pas entendre parler (comme il l’a dit dans son discours d’ouverture). En somme Boukoubi veut un dialogue sans tabou, mais il a le courage de poser les problèmes tabous. Pour ça, il nous semble sincère.

PETIT-LAMBERT OVONO
Président de la Société Gabonaise de l’évaluation 
des politiques publiques (SOGEVAL).


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire