Fallait-il attendre que le sang des Gabonais coule ou que l’Assemblée
Nationale soit mise en feu pour organiser un dialogue national inclusif et
sans tabou?
Depuis avant 2009, tous les clignotants étaient à l’orange
et sont passés au rouge en 2009 après le décès d’Omar Bongo, ils indiquaient
que les gabonais avaient besoin de voir le changement dans leur vie quotidienne
et dans celle de leurs enfants. Pas nécessairement le changement des hommes comme
le pensent certains, mais celui produit par la mise en œuvre des politiques
publiques des différents gouvernements qui ont dirigé le Gabon depuis 1967.
Faute de voir ces changements se produire, les désaccords, les malentendus, les
tensions, se sont exacerbés et malgré
les alertes, les pouvoirs publics sont restés sourds et la goutte d’eau de trop
a fait déborder le vase : le sang a coulé et la maison du peuple a brûlé.
Quelles leçons tirées de ces événements ?
Beaucoup s’arrêtent
très vite sur les processus électoraux mal organisés, sur le tripatouillage des
élections, et le bidouillage des résultats comme l’a révélé le rapport de l’Union
Européenne, mais la seule victoire aux élections suffit-elle à assurer aux
Gabonais les changements espérés de leurs conditions de vie ?
Des explications et des slogans creux véhiculés par certains
ne sont pas de nature à apporter des réponses aux préoccupations des
populations qui sont assez grandes pour juger elles-mêmes si leurs conditions
de vie ont changé.
En quoi dénoncer la xénophobie répond-il aux besoins de
logement, de l’école etc. ?
Le pouvoir politico-administratif, quel qu’en soit sa
coloration partisane, dispose des ressources appartenant à tous les gabonais
(ressources humaines, matérielles, financières, communicationnelles etc.) pour
mettre en œuvre les programmes et projets publics dont la mise en œuvre et la réalisation seule apportent, par la mesure des effets, des
résultats et du changement.
Aussi, mieux que d’attendre le sang et le feu, n’est-il pas
tant que le pouvoir adopte l’évaluation des politiques publiques, outil de
bonne gouvernance, de transparence, de démocratie participative et d’aide à la
décision qui complète les outils de contrôles traditionnels du système politico-administratif
que sont les contrôles politiques, les contrôles administratifs, les contrôles
de gestion, les contrôles financiers et les contrôles juridictionnels, pourtant
renforcés par les suivis statistiques et les audits, et qui ont plus d’une fois
mis en évidence les dysfonctionnements sans pouvoir généralement en
déterminer les causes ?
Au moment où le Gabon est placé devant le défi de la mise en œuvre
de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour l’atteinte des objectifs de
développement durable (ODD), de la mise en œuvre du TOP5 ou objectifs de la
Banque Africaine de Développement (BAD), et de l’Agenda 2063 de l’Union
Africaine, il est plus que tant d’inscrire l’évaluation dans la constitution pour
accompagner cette mise en œuvre comme l’ont déjà fait les grands pays
développés comme les USA, l’Allemagne, la Suisse, les pays Scandinaves et la France.
Qui vivra verra !
PETIT-LAMBERT OVONO
Président de SOGEVAL
Evaluateur Certifié des politiques publiques